Les protéodies

    On le sait tous, la gamme musicale est utilisée dans un but artistique et sert à composer des morceaux de musique. Mais la musique ne pourrait-elle pas avoir un autre but qu'être écoutée par les hommes et leur faire plaisir ? Un scientifique, Joël Sternheimer (né en 1943, docteur en physique théorique depuis 1966), a émis une théorie selon laquelle la musique pourrait avoir une influence sur l'organisme des êtres vivants, et pas seulement sur celui des humains. Ces mélodies particulières sont appelées protéodies (de protéine et mélodie).

 

 

 

I. La découverte de Joël Sternheimer

 

1. Sa théorie

 

    Une protéine est formée dans nos cellules à partir d'une molécule d'ARN (acide ribonucléique), formé lui même à partir d'une molécule d'ADN (acide désoxyribonucléique). Une molécule d'ARN est constituée d'une suite de nucléotides ; un groupe de 3 nucléotides consécutifs est un codon. À chaque codon correspond une molécule appelée acide aminé. Dans le cytoplasme de la cellule, des ribosomes lisent la séquence de nucléotides de la molécule d'ARN et associent à chaque codon l'acide aminé qui lui correspond. On obtient une chaîne d'acides aminés : c'est une protéine.

    Avant de se fixer sur la protéine en formation, un acide aminé se fixe sur le ribosome. Durant son passage du ribosome à la chaîne d'acides aminés, il se stabilise par rapport à l'agitation thermique dasn le cytoplasme et émet une vibration quantique, appelée onde d'échelle par Joël Sternheimer, car elle communique avec les différents niveaux d'un organisme. Cette onde interfère avec les ondes émises de la même façon par les autres acides aminés, et toutes les fréquences qui y sont associées se synchronisent suivant une gamme très proche de la gamme tempérée. On s'en aperçoit lorsque les fréquences sont transposées dans le domaine audible. En outre, cette synchronisation entraîne le respect de contraintes musicales (des régularités et des rapports d'harmonie apparaissent, il y a peu de dissonances…). Joël Sternheimer a déposé un brevet pour son invention en 1992, sous le titre "Procédé de régulation épigénétique de la biosynthèse des protéines par résonance d'échelle". Le brevet a été délivré le 1/07/1995 (brevet n° FR 92 06765 (1992), n° de publication 2691796).

 

 

2. Applications

 

    Puisque les fréquences associées aux acides aminés se répartissent selon la gamme tempérée, on peut faire correspondre une note de musique à chacun. En faisant ce travail pour toute une protéine, on obtient une protéodie. Cette protéodie a une action sur la synthèse de la protéine choisie par "résonance d'échelle" grâce à la propriété des ondes d'échelles de communiquer avec les différents niveaux d'un organisme, du niveau macroscopique au niveau moléculaire. L'action de la protéodie peut être stimulante ou inhibante. En effet, si on transpose directement les fréquences associées aux acides aminés, la protéodie obtenue permettra d'augmenter le taux de synthèse de la protéine. Mais si on prend le "symétrique" des fréquences de chaque note par rapport à la fréquence centrale (correspondant au sol), on obtient pour chaque acide aminé une note permettant de diminuer le taux de synthèse de la protéine.

    Pour l'élaboration d'une protéodie, d'autres critères rentrent aussi en compte comme l'harmonie générale de la mélodie, le timbre (c'est-à-dire la "couleur" du son), la longueur des notes, la mesure, qui sont déterminés par des procédés complexes, toujours basés sur les fréquences associées aux acides aminés.

 

Les correspondances entre les notes de musique et les acides aminés

    Puisque les protéodies agissent en accord avec l'organisme, elles peuvent être très utiles dans le domaine de la santé (pour combattre les maladies dues au manque d'une protéine, par exemple) ou de l'agro-alimentaire (en stimulant la synthèse de protéine aidant à la croissance des végétaux…).

Dans les années 1990, des expériences on été menées dans plusieurs pays (Sénégal, Suisse et France en particulier). Joël Sternheimer et son équipe ont travaillé sur des plants de tomates et ont utilisé une protéodie stimulant la synthèse d'un protéine anti-sécheresse (TAS14). Les résultats étaient très concluants : au Sénégal, par exemple, la production d'un pied de tomate "écoutant" la protéodie avait été multipliée par 20 en moyenne, et ses tomates étaient gorgées d'eau.

 

    La société Genodics (https://www.genodics.com/) a été fondée en mai 2008 et compte trois membres : Pedro Ferrandiz (biologiste et ingénieur agroalimentaire, directeur général de Genodics, participe à la mise au point des protocoles d’utilisation des protéodies depuis le début des années 90), Michel Duhamel (Ingénieur conseil en organisation, président de Genodics, responsable de l’administration) et bien sûr Joël Sternheimer (direction scientifique des projets, formation des chercheurs en génodique – la nouvelle discipline créée par sa découverte). Cette société crée des protéodies à la demande d'agriculteurs et les aide à mettre en place ce système sur leur exploitation. Pour l'instant la quarantaine de clients de la société se trouve en France (sauf un en Espagne). La plupart sont des vignerons, mais il y a aussi des agriculteurs et des maraîchers, et même un éleveur. En 2012, le bilan de la lutte contre l'ESCA (une maladie de la vigne due à un champignon) grâce à la génodique sur la période 2003-2012 était très clair : dans la très grande majorité des parcelles traitées, les cas d'ESCA avaient sensiblement diminué :

 

 

 

II. Expérience

 

    Comme j'étais intriguée par la découverte de Joël Sternheimer, j'ai voulu voir par moi-même l'effet d'une protéodie sur des plantes. J'ai donc choisi de tester sur des haricots la protéodie stimulant la synthèse d'auxine. Comme l'auxine est une hormone indispensable à la croissance des végétaux, on s'attend à avoir des haricots plus grands s'ils écoutent la protéodie stimulant la synthèse de cette protéine. Pour créer cette protéodie j'ai recherché sur une banque de données (https://www.uniprot.org/) la séquence d'acides aminés de l'auxine pour le phaseolus vulgaris (haricot vert), que j'ai "traduite" en séquence de notes de musique.

Séquence d'acides aminés :

MDDGGGSKLS GIRQIVRLKE MFQKWQTVTL GSKESNHDSD VARPGGIPPM INKRLTNVLY CDSDEDSCYS PQPPHDVPKG YLAVYVGPEL RRFIIPTSYL SHSLFKVLLE KAAEEFGFDQ SGGLTIPCEI ETFKYLLNCM ENHDDSSAGN TGTVEE

    J'ai ensuite fait pousser 32 graines de haricots. La moitié a servi de témoin, l'autre partie écoutait la protéodie quotidiennement (à la même heure) pendant 5 minutes. Les conditions de température, de lumière et d'humidité étaient identiques pour les deux lots, qui n'étaient séparés que le temps de la diffusion de la protéodie.

    Les mesures des tiges principales ont été prises quotidiennement. Les feuilles n'ont pas été mesurées, mais il apparaissait clairement qu'elles étaient plus grandes chez les haricots "musicaux". Paradoxalement, le plus grand plant de haricot était dans le lot qui n'écoutait pas la protéodie. Cependant, ce haricot avait les plus petites feuilles de la culture.

 

Résultats des mesures :

 

Le 4ème jour des mesures, les haricots ont été mis en terre, il n'y a donc pas de mesures.

 

    L'hypothèse est validée puisqu'au dernier jour des mesures, les haricots-tests ont une taille moyenne 23,6 cm contre une taille moyenne de 16,1 cm pour les haricots-témoins. On observe la même différence avec les médianes des tailles : 25,3 cm pour les haricots-tests, contre 17,05 cm pour les haricots-témoins.

 

La musique est certes un art et a un but esthétique, mais on voit bien ici qu'elle peut avoir une utilisation scientifique.