La civilisation grecque: l'exemple architectural du Parthénon
La civilisation grecque apparaît vers le VIIIème siècle avant J.C. suite à l’effondrement de la civilisation mycénienne (civilisation qui domine l’Europe à cette époque). La civilisation grecque est à son commencement uniquement formée de cités. Elles sont d’abord des communautés indépendantes ayant leurs propres institutions. Puis peu à peu se développe la Grèce qui est restée célèbre dans l'Histoire.
À partir du VIIème siècle, les Grecs, poussés par le désir de concurrencer les temples orientaux et égyptiens, et par les avancées techniques, commencent à bâtir de grands temples. On délaisse le bois pour de nouveaux matériaux plus résistants comme la pierre ou le marbre. Les colonnes des temples, qui servent à soutenir le toit et qui étaient jusqu'à présent placées à l’intérieur, enveloppent désormais le bâtiment : c’est le style périptère. Les architectes et sculpteurs s’efforcent d’obtenir des effets esthétiques en mélangeant différentes sortes de pierres. Artistes et scientifiques sont deux professions très liées puisque les connaissances et découvertes scientifiques sont utilisées pour rendre les œuvres artistiques plus majestueuses.
C’est ainsi qu’au Vème siècle avant J.C., Périclès, homme politique de l'époque, a pour projet de faire construire un temple dédié à Athéna, déesse grecque de la guerre et de la sagesse, protectrice d'Athènes. Ce temple devait être parfait pour montrer au monde la supériorité des valeurs d’Athènes.
Périclès confie ce projet à trois hommes : Ictinos en tant que principal architecte, Phidias, sculpteur, était chargé de l'intégration de tous les éléments artistiques et Callicratès comme maître d’œuvre. L'architecte conçoit et le maître d'œuvre réalise. À travers ces différentes professions, on se rend déjà compte que différents domaines vont être utiles à la réalisation de ce projet architectural. Ces trois hommes ont un travail complémentaire : l’architecte par son ingéniosité doit trouver comment faire de ce temple le temple parfait, le sculpteur doit agrémenter ce bâtiment d’éléments artistiques et esthétiques (autres qu’architecturaux), le maître d’œuvre par sa rigueur doit assurer la possibilité de réaliser les idées des deux premiers. Ainsi la créativité (l’art) est régie par le possible (la science).
Ce temple est aujourd’hui connu sous le nom du Parthénon à Athènes, sa construction a duré quinze années, de 447 à 432 av. J.C.
Figure 2: Le Parthénon dans l'Acropole d'Athénes au Vème siècle avant J.C.
Le Parthénon est composé de 8 colonnes en façade alors que la plupart des temples grecs en ont généralement 6. Ce surnombre de colonnes est justifié par l’idée de Périclès de vouloir édifier un temple impressionnant. L’espace du temple est élargi tout en conservant la finesse et l’élégance des colonnes.
Lorsque l’on regarde le Parthénon, on peut assurer que toutes les distances et les lignes semblent droites. En réalité, il n’y a aucune ligne droite dans ce bâtiment. Les lignes «horizontales» sont légèrement convexes et les colonnes sont légèrement inclinées vers l’extérieur. Ces aménagements géométriques ont été réalisés dans le but de rectifier des illusions d’optique.
Figure 3: Schémas du Parthénon
Schéma 1 : le Parthénon tel qu’il est vu par l’œil humain
Schéma 2 : le Parthénon tel qu’il serait vu par l’œil humain s’il avait été construit selon le schéma 1
Schéma 3 : le Parthénon tel qu’il est réellement (les colonnes sont légèrement inclinées vers l’extérieur).
Cette géométrie du bâtiment implique que tous les blocs de marbre blanc (seul matériau de construction) qui le constituent ont été taillés sur mesure. Cet agencement est sans doute un des éléments qui expliquent la bonne résistance aux séismes du Parthénon. Les pierres taillées sur mesure donnent une élasticité au bâtiment, lui permettant de reprendre forme après chaque séisme. Les pierres qui composent le Parthénon sont un mélange de "beau" avec le marbre, pierre chère et rare, et de "fonctionnel" puisque le puzzle de pierre est une prouesse technique.
De nombreux chercheurs se sont penchés sur les proportions du Parthénon dans le but de prouver une présence divine et donc une structure parfaite de ce monument. Ils n’ont pas tous trouvé les mêmes résultats mais une grande partie d’entre eux a révélé la présence du nombre d’or dans les proportions de sa façade : le Parthénon s’inscrit dans un rectangle d’or (rectangle blanc sur la figure 4.). Pour les Grecs, rien n'était trop parfait pour leurs dieux. En introduisant le nombre d'or au temple, ils touchent le point de perfection entre la science et l'art.
Figure 4: Le Parthénon dans le carré d'or (source wikimedia Harrieta 171).
Le nombre d'or
Le nombre d'or est un nombre particulier (et irrationnel), sur lequel se basait l'harmonie dans l'Antiquité grecque, et qui a été utilisé tout au long de l'Histoire.
Le nombre d'or est symbolisé par la lettre grecque Φ (phi), du nom du sculpteur grec Phidias.
De nombreux bâtiments ou tableaux sont basés sur ce nombre.
Φ = (√5+ 1) / 2 = 1, 618 033 988...
Il est intéressant de constater que :
1/Φ ≈ 0,618…
Φ ≈ 1,618…
Φ2 ≈ 2,618…
Le rectangle d'or
Dans ce rectangle, Longueur/largeur = Φ.
Si on découpe un carré de 1x1 dans un rectangle de longueur n = Φ et de largeur m = 1, le rectangle qui reste a pour largeur n-m = Φ-1 = 1/Φ et pour longueur m = 1. C'est également un rectangle d'or. Si dans ce rectangle, on retire à nouveau un carré dont le côté mesure n-m = Φ-1, on retrouve une troisième fois un rectangle d'or. En répétant cette opération à l'infini, on obtient une suite sans fin de rectangles d'or de plus en plus petits.
Figure 5: Schéma du rectangle d'or (source : wikimédia).
Périclès et tous les Grecs voulaient un temple pour impressionner les autres peuples et remercier les dieux (n’oublions pas que ce temple est dédié à Athéna). Ce pari architectural peut être considéré comme une réussite. Le temple a été construit selon des méthodes scientifiques précises tout en ayant une allure esthétique et harmonieuse ; et on remarque un point important : ce temple a été construit à la mesure de l’homme, du moins de son œil !
Cette précision est importante puisque presque deux millénaires plus tard cette notion est toujours présente à l’esprit des architectes.