L'évolution picturale pendant la Renaissance

       La Renaissance est un courant artistique. Cette période est caractérisée par un réel renouveau dans l’art. Malgré des styles différents selon les pays, certains points communs sont intéressants à relever, notamment l’utilisation de la perspective et de la peinture à l’huile.

 

La Vierge au Chancelier Rolin  de Jean Van Eyck (1435)

Peinture flamande mêlant peinture à l'huile et perspective

                       

 

LA PERSPECTIVE

Origine, lois et exemple

 

  

  Le mot « perspective » vient du latin perspicere, qui signifie "voir au travers". La perspective définit un procédé pictural qui permet de représenter le monde tel que l’œil humain le perçoit en créant l’illusion de la profondeur sur une surface plane. C’est pendant la Renaissance que la notion de perspective a véritablement évoluée. Ce sont plusieurs mathématiciens et artistes comme Brunelleschi, Alberti ou De Vinci qui sont à l’origine de la naissance de la perspective. En effet ils ont cherché des méthodes géométriques pour peindre des objets de la nature sur une toile, en donnant une impression de réalité à la peinture.

C’est l’architecte florentin Filippo Brunelleschi (1377-1446) qui fut le premier à exposer les principes de la perspective artificielle. 

 

        Il en fait la démonstration en proposant un modèle théorique réalisé en 1415 à Florence, à l’aide d’un miroir et d’un dessin monté sur une planchette. Tout d’abord, il réalise un dessin du baptistère de Florence. Il le monte ensuite sur une planchette dans laquelle il a percé un trou. Puis il place un miroir face au dessin et regarde à travers le trou pour en voir le reflet. En comparant le reflet de son dessin avec le baptistère réel, il observe qu'il n'y a pas de différence entre le tableau et l’édifice réel lorsque l’observateur se tient à un endroit précis. La perspective a donc été parfaitement utilisée, et le trou dans la planchette représente le point de fuite.   

                                                        

  La perspective se résume à quelques notions. En effet, par rapport à celui qui dessine, toutes les lignes qui sont verticales ou horizontales sur le dessin le sont dans la réalité. Les lignes parallèles dans la réalité, situées dans un plan qui n’est pas parallèle à celui du tableau, convergent en un même point, le point de fuite. Ces droites sont alors nommées fuyantes. Le point de fuite est situé sur une ligne horizontale que l’on nomme ligne d’horizon, celle-ci correspondant à la ligne des yeux.

 

 

La fresque de la Sainte Trinité du peintre florentin Masaccio (1401-1428) est la toute première à respecter les principes de la perspective géométrique de Brunelleschi. Cette œuvre marque le début de la Renaissance en peinture.

                             

La fresque donne l’impression à l’observateur de regarder à l’intérieur d’un espace tridimensionnel (c’est-à-dire en trois dimensions). En effet, en faisant converger les lignes du plafond vers un point de fuite unique, le peintre a suivi les règles de la perspective.

 

 

 

 

La Cène de Léonard de Vinci est une peinture murale réalisée entre 1494 et 1498 et représente le dernier repas de Jésus accompagné de ses douze apôtres.

 

 

La perspective est présente dans ce tableau, puisqu’on a une ligne d’horizon, un point de fuite en son centre, et des fuyantes qui le traversent.

 

 

    En effet, le regard est orienté vers le centre, là où se trouve le Christ. Tout semble converger vers lui. Le sommet de sa tête est le point de fuite, l’endroit où toutes les lignes de l’architecture se rejoignent (bien qu’il y en ait peu, car  l’intérêt n’est pas porté vers elles).

En revanche, la façon dont elles  sont traitées, donne une profondeur presque réelle à la salle par le trompe-l’œil du plafond à caissons (compartiments creux ménagés dans un plafond ou une voûte), d’ouvertures au fond de la salle, et des murs recouverts de tapisseries et percés de portes. Le but est de recréer l’illusion optique de l’espace et du volume en les représentant tels qu’on les voit en les regardant d’un point précis. On a là le principe de la perspective géométrique. Cependant  nous pouvons relever une entorse à la règle dans ce tableau, en effet la perspective des assiettes disposées sur la table n’est pas convenable.

Léonard de Vinci a eu un petit problème pour représenter ces assiettes. La fresque étant large et la perspective prononcée, les assiettes se trouvant les plus à l’extérieur auraient donc dû être beaucoup plus aplaties et fines. Malgré cela, il a préféré les représenter de façon à ce qu’une personne qui se déplace devant la fresque ne soit pas troublée et voit toutes les assiettes de la même manière, dans la même perspective.

    Il faut noter quand même que le peintre peut se permettre ce genre de prise de risque puisqu’il connaît les lois de la perspective et les a étudiées tout au long de sa vie. Son but n’est pas de mettre en avant les mathématiques et les sciences mais de donner au spectateur une représentation du monde la plus réaliste possible, ce qui est tout de même le principe même de la perspective ! En outre, cela donne plus de vraisemblance à l’œuvre. Léonard de Vinci a donc décidé de privilégier le côté esthétique de l’œuvre et a par conséquent choisi de respecter une perspective géométrique et linéaire sur l’ensemble de la toile, et de faire à sa manière les endroits où l’observateur aurait pu être gêné.

Finalement chaque détail participe au dynamisme physique et psychologique de la scène, et montre la patience avec laquelle Léonard avait étudié les détails, l’ambiance ainsi que la perspective, donnant la sensation de se trouver au beau milieu de cette scène mythique.

 

 

 

LA PEINTURE À L'HUILE

Origine et fabrication

La peinture a de nombreux composants, dont le pigment, en guise d’agent colorant (particule solide qui détermine la couleur, l’opacité et la consistance de la peinture). Il flotte dans un liant qui peut être sous forme d’huile, de sève, d’œuf ou d’eau. Les peintres préparaient eux-mêmes leurs pigments à partir de plantes et minéraux.    

Au Moyen Âge, ils les écrasaient délicatement avec du blanc d’œuf pour en faire une pâte, seulement l’inconvénient était que la matière séchait trop vite. On devait donc peindre assez rapidement et il était impossible de reprendre une œuvre en cas d’accident. Il faut attendre 1410 pour que deux peintres flamands, les frères VAN EYCK, s’intéressent à la fragilité des peintures. Après de multiples expérimentations, différentes huiles crues et cuites sont testées, associées à de la résine, puis à des pigments. Ces mélanges donnent naissance à des vernis colorés, qui deviendront peu à peu la peinture à l’huile.

   

Le liant était composé de deux types d’huiles, une huile cuite et une huile crue, auxquelles se rajoutait une résine dure dissoute, qui pouvait être de l’ambre ou du copal. L’essence d’aspic, issue de la lavande, associée à la résine du mélèze donnait un diluant peu volatil qui permettait à la peinture d’avoir un temps de séchage plus long.

Ainsi, cette recette permet de révéler les deux principales caractéristiques de la peinture à l’huile. Tout d’abord sa richesse en huile conduit un séchage lent, puis elle subit une oxydation par contact avec l’oxygène de l’air. Les molécules d’oxygène durcissent la peinture, en commençant par la surface externe et en allant petit à petit vers le cœur de la couche picturale.

 

    

    Sa richesse en résine donne brillance et transparence aux couches de peintures. La peinture à l’huile, grâce à sa lenteur de prise, permet de réaliser des détails et des formes avec plus de précision qu’aucune autre technique ne le permettait. De plus, la résine dans la peinture  empêche les couches de se mélanger, ce qui autorise des superpositions transparentes qu’il était impossible de faire auparavant, apportant ainsi de la profondeur et du réalisme.

    On a vu que les premières peintures à l’huile étaient très riches en résine, donnant ainsi un résultat très brillant et transparent et permettant de réaliser des effets propres au style de la peinture flamande. Cependant l’influence des grands maîtres de la Renaissance italienne comme Botticelli, Léonard de Vinci ou encore Véronèse, va faire évoluer la recette d’origine. En effet les peintres de l’école Vénitienne, c’est ainsi qu’on les appelait, peignaient de façon plus épaisse, plus opaque et plus mate. La résine disparaît donc peu à peu, la quantité d’huile cuite augmente, de la cire s’ajoute, rendant ainsi la pâte plus lourde et lui donnant un résultat différent.

 

   À partir du XVIIème siècle, les peintres essayent d’accélérer le séchage de leur tableau. C’est pourquoi des additifs sont introduits en quantités importantes dans la recette de l’huile, des siccatifs sont rajoutés dans le diluant (ils font sécher en peu de temps les couleurs auxquelles on les mêle) et des cires dans le liant de la peinture. En revanche, en abuser rend les peintures fragiles, cassantes car durcies trop vite, jaunissantes et sensibles aux impuretés.

Ainsi depuis les Impressionnistes (deuxième moitié du XIXème siècle), la peinture à l’huile ne contient plus que de l’huile crue, de lin ou d’œillette, broyée avec des pigments.

                      

  Le peintre est un savant. Sa démarche est basée sur l’étude, l’observation, la connaissance scientifiques pour peindre un visage, une allure ou un mouvement proche de la réalité. Les artistes de la Renaissance nous l’ont bien démontré.