La fabrication de la peinture pendant l'Antiquité

  La peinture est un art connu depuis la nuit des temps. Or les peintres de l'Antiquité n'achetaient pas leur peinture mais la fabriquaient eux-même grâce aux moyens naturels mis à leur disposition. 

 Un pigment est une matière poudreuse naturelle ou artificielle, d’origine animale, végétale, minérale ou synthétique, exprimant une couleur. On trouve des pigments dans les rouges à lèvres comme dans les peintures murales. En art comme en industrie, les pigments sont des poudres, généralement broyées très finement avant d'être « mouillées par un liant », liquide plus ou moins fluide pour obtenir les peintures.

 

 

 

LA PEINTURE PARIÉTALE

La frise des aurochs. Grotte de Lascaux.

 

La Grotte de Lascaux

 

    La découverte de la grotte Lascaux, monument historique et haut lieu de la préhistoire, a fêté en septembre 2012 son soixantième anniversaire. Située en Dordogne, elle doit son succès aux nombreuses peintures pariétales qu’elle renferme. Réalisées il y a plus de deux mille ans, celles-ci ont permis d’identifier les nombreux pigments utilisés par les artistes préhistoriques.

    Le rouge et le noir sont nettement les couleurs prédominantes. Le rouge provient d'un oxyde de fer appelé hématite qu'on trouve à l'état naturel dans le sol, et le noir est issu de charbon de bois ou d’os, de charbon minéral ou bien d’oxyde de manganèse.

    L’analyse de ces peintures montre que la diversité des couleurs obtenues grâce aux ocres, substances colorantes naturelles constituées d'argile et d'oxyde de fer hydraté ou anhydre, était liée à la maîtrise du feu. Les oxydes de fer que l’on se procurait à l’état naturel dans le sol, passaient petit à petit du jaune de la goethite au rouge de l’hématite lorsqu’ils étaient chauffés à plus haute température. Ces pigments, sous forme de poudre, étaient ensuite mélangés avec un matériau incolore appelé la charge, pour donner une certaine consistance, faciliter l’étalement et améliorer la conservation. Cette charge pouvait être de l’argile ou du talc par exemple. Un liant à base de graisse ou d’eau était généralement nécessaire pour améliorer la qualité du mélange.

    Ces peintures montrent que les hommes possédaient déjà une très grande technique de l'utilisation des ressources naturelles que la nature avait mises à leur disposition.

 

 

LES PIGMENTS DE L’ANTIQUITÉ

 

La palette Égyptienne

 

« Ni les monuments, ni les petits objets de l'Égypte antique ne peuvent exister sans la couleur, porteuse d'une pulsion de vie aspirant à l'immortalité »    (Revue "Couleurs et pigments des peintures de l'Égypte antique" )

 

    L’art égyptien ou pharaonique est un art coloré où chaque couleur associe un usage symbolique et naturaliste, représentant ciel, eau ou végétation.

    Les Égyptiens pouvaient se procurer facilement certains pigments notamment les jaunes et les rouges avec les ocres, le noir avec du charbon et accessoirement les marrons et le blanc mais point de bleu ! Ils vouaient cependant une véritable passion au le lapis-lazuli, pierre qui donnait un bleu profond mais dont l'utilisation était limitée car il était trop précieux pour être réduit en poudre. C’est pourquoi ils ont décidé d’imiter la couleur de cette pierre en créant un pigment dont la recette de fabrication était transmise de bouche à oreille. Aucune source directe de l’époque pharaonique sur les techniques de fabrications n’existe. 

    Le Laboratoire du centre de recherches et de restauration des musées de France a tenté de comprendre le procédé de fabrication en travaillant sur des échantillons archéologiques pour en révéler les différents composants. Les résultats nous révèlent que cette mystérieuse recette de fabrication repose sur la cuisson entre 870° et 1100°C dans des fours de potiers d'un mélange particulier de silicium, de calcium et de cuivre avec un fondant sodique (à base de soude), dans des conditions extrêmement contrôlées, c'est-à-dire un environnement clos et une grande précision de température.

    Un autre pigment synthétique apparaît des années plus tard : le vert égyptien, virant plus vers la teinte turquoise. Ces deux pigments ont longtemps été confondus, bien que les artistes égyptiens les aient utilisés pour des raisons symboliques différentes.

 

    Le vert égyptien est un pigment obtenu à partir des mêmes matières premières que le bleu mais utilisées dans des proportions différentes, et le mélange est chauffé entre 900°C et 1150°C en présence d’une atmosphère oxydante.

Le pigment vert est plus riche en sodium mais plus pauvre en cuivre que le bleu.

              

    Les Égyptiens se procuraient les matériaux de base dans la nature, à partir de matières minérales ou organiques. En effet l’apport de cuivre pouvait se faire à partir de résidus de bronze ou de cuivre, la silice provenait de sable et le calcium de roches calcaires. Quant au fondant sodique, il pouvait venir d’un minéral, le natron (mélange naturel de sels de sodium) ou bien de cendres végétales.