La création d'un dessin animé : techniques

Les différentes étapes de la réalisation d'un dessin animé

 

    La réalisation d’un dessin animé nécessite plusieurs étapes. Une fois l’histoire parfaitement définie, les décors des lieux principaux et les personnages sont imaginés. On crée alors des models sheets, des dessins des personnages où ils sont représentés en pied, vus de profil, de face, de trois-quart et de dos, avec des gros plans sur leurs visages, leur construction géométrique, six à huit positions de bouche et une comparaison de taille entre tous les protagonistes. Ces models sheets permettent ainsi de respecter certaines proportions comme celle des êtres humains et les rendre cohérents entre eux ainsi que par rapport au décor.

 

Exemples de models sheets pour Peter Pan, et Shere Khan dans Le livre de la jungle (1967)

 

 

    Dans certains studios, on enregistre les voix des personnages avant l’animation des dessins pour mieux synchroniser le mouvement des lèvres avec le dialogue. Une fois l’enregistrement réalisé, le son est reporté sur une bande et est découpé schématiquement à hauteur de 24 images par seconde. Ce procédé permet de donner le « timing » aux dialogues et de référencer les positions de bouches nécessaires pour chaque scène. Avant la réalisation des décors et de l’animation des personnages différents lay out (préparation et mise en scène) sont réalisés : un sur les éléments fixes de la scène, un deuxième sur le mouvement de la caméra, les dimensions des cadres et la position des personnages, et enfin un dernier qui contient tous les mouvements réalisés par les protagonistes. Ces différents lay out permettent d’organiser les nombreux éléments de la scène pour la rendre cohérente et réaliste. L’animation peut alors commencer : les dessins sont réalisés, ils sont scannés ou photographiés afin de vérifier la synchronisation des dialogues calculée avant la création des dessins. Les personnages sont dessinés sur des cellulos et sont superposés sur les décors à ce moment-là. Les dernières étapes sont le mixage et le montage où on monte toutes les séquences du dessin animé et les sons correspondants ensemble (voix, enregistrements musicaux et bruitages).

 

 

 

L'évolution de la caméra d'animation à la caméra multi-plane

 

    La caméra d’animation consiste à placer le personnage du dessin animé (dessiné sur des cellulos) sur un arrière-plan peint qui ne bouge pas. Les feuilles représentant une partie du mouvement du personnage, sont placées l’une après l’autre sur l’arrière-plan puis photographiées. Il faut, pour donner l’illusion que le personnage se déplace, décaler l’arrière-plan de quelques millimètres entre chaque feuille pour obtenir un effet panoramique. Cependant quand le personnage disparaît de la scène, la surface plane originale de l’arrière-plan devient évidente. Par exemple, quand la caméra s’approche du décor, c’est toute la scène en question qui devient plus grande y compris des éléments qui devraient normalement avoir une taille fixe (comme la lune). Le problème de la caméra d’animation demeure là : la scène peinte en 2D ne parvient pas à rendre le dessin réaliste.

    C’est dans les années 1930 que la compagnie Disney chercha à créer une nouvelle caméra d’animation : la caméra multi-plane, qui vit le jour en 1937. Elle a été une avancée considérable dans le rendu réaliste des dessins animés, permettant une véritable impression de profondeur.

Vidéo de présentation de la caméra multi-plane par Walt Disney (en anglais) : 

    

 

Le décor n’est plus un arrière-plan global mais une multitude de plans. Les différents éléments sont séparés selon les distances par rapport au regard du spectateur. Pour reprendre notre exemple, la lune demeure immobile et de même taille réglant ainsi le problème du réalisme. De plus la caméra filme perpendiculairement au dessin, ce qui permet d’obtenir un sentiment de vraie profondeur sur les plans peints.

Schéma explicatif de la caméra multi-plane

 

Ce système de caméra multi-plane est très utile surtout en présence de décors très chargés comme la forêt de Bambi (1923).

 

 

 

 

 

L'avénement numérique : de nouvelles techniques

 

    Les techniques d’animation ont ainsi évolué au fil des années cherchant toujours à améliorer « l’effet de réel ». Notamment avec l’avènement numérique qui a permis de réaliser des décors beaucoup plus précis, comme la représentation minutieuse de la faune et la flore aquatique dans Le monde de Némo (2003).

 

Différentes techniques numériques on fait leur apparition :

  • La technique du «stop-motion» (dans L’étrange noël de Mr. Jack de Tim Burton en 1993). Les animateurs transfèrent sur l’ordinateur les photographies de chaque tête modelée du personnage, puis associent les images aux dialogues, en faisant coïncider le mouvement des lèvres avec chaque syllabe.

 

stop-motion avec la tête de Mr.Jack

 

  • On peut aussi réaliser des maquettes en volume couvertes d’un réseau de lignes qui s’entrecroisent en une multitude de points et définissent son volume dans l’espace. C’est en travaillant sur ces points qu’on obtient une animation plus réaliste.

 

 

 

 

 

 

à

 

 

 

 

à

La caverne aux merveilles dans Aladdin (1992)

 

 

  • Pour créer un personnage semblable à l’Homme, on place des capteurs sur un acteur, directement liés à un ordinateur qui enregistre les expressions et les mouvements de l’acteur.

Technique utilisée dans Pôle express (2004)

 

    Aujourd’hui, tous les dessins animés, sauf quelques rares exceptions, sont réalisés en grande partie sur l’ordinateur. Les personnages ainsi que les effets et les décors sont très travaillés et semblent de plus en plus réels. Avec par exemple la chevelure du personnage de Mérida dans Rebelle (2012), où il a fallu aux équipes de Disney près 3 ans pour développer les logiciels permettant d’animer la toison rousse du personnage au gré de ses mouvements !

 

Deux dessins de Mérida à deux étapes différentes

 

 

 

 

On observe également la précision de la glace de Jack Frost dans Les 5 Légendes (2012).

 

    

 

La visée du cinéma d’animation est de rendre le mouvement toujours plus réel, notamment en s'inspirant directement de la nature.

 

   

 

 Il cherche ainsi à rendre réel l’imaginaire des enfants en mêlant réalisme et magie. Le dessin animé peut aussi être un très bon moyen didactique pour faire comprendre certaines notions. Par exemple, un court-métrage (Donald au pays des mathémagiques) montre que les mathématiques ne sont pas qu'une notion abstraite, mais ont des applications multiples dans la vie de tous les jours.